RP flash-back avec Elton Risender
L.A. mutuel
Les mains en sang, je m'assis contre un mur, dans l'arrière-boutique. C'était moi qui étais en charge de réparer les véhicules les plus performants, mais qui étaient aussi les plus difficiles à réparer. Les rouages me coupaient les mains et je m'étais coincée plusieurs fois le doigt dans le mécanisme... C'était une chance que j'aie encore dix doigts et dix orteils.
Essoufflée, je regardai Isturr passer devant moi avec son habituel sourire d'un homme qui vient de faire une bonne affaire. Il me regarda à peine et partit s'asseoir à son comptoir, comme devinant qu'un client allait entrer. La première fois qu'il avait fait ça, je l'avais regardé avec des yeux ronds. Mais comme il se trompait rarement sur ce sujet, j'avais cessé de chercher à comprendre, et je me contentais de mon silence qui en disait long.
La porte d'entrée sonna, et je me penchai légèrement pour voir entrer un client à l'air malveillant, aux cheveux bruns et aux yeux d'un bleu assez particulier. Je haussai un sourcil : il n'avait pas l'air impressionné ou mal à l'aise, ou même étonné face à Isturr. Un nouveau client l'était toujours en général.
- Que puis-je pour vous? demanda d'une voix faussée mon propriétaire, une grimace qui se voulait être un sourire collée sur le visage
Intérieurement, je songeai qu'il resterait toujours aussi laid, même avec l'air le plus sincère et bienveillant qu'il ne pourrait jamais avoir.
- Je voudrais... Voir ce que vous avez, lâcha lentement le jeune humain.
Isturr sourit et lui fit un rapide inventaire de ce qu'il vendait. Le jeune homme se pencha par-dessus le comptoir et lui chuchota quelque chose, si bas que je ne pus l'entendre.
Le tas de morve se redressa vivement, cependant, jubilant.
- Je vais voir cela tout de suite !
Tsa ! s'écria-t-il dans ma direction.
Tsa était le mot qu'il employait pour m'appeler. La chose qui se rapprochait le plus d'un nom, si on exceptait le vrai que j'avais eut, et dont je me souvenais encore.
- Non, répondis-je dans la langue vulgaire des bas-fonds. J'ai travaillé toute la matinée sur les véhicules, et toute la nuit dernière. Je dois me reposer si je ne veux pas mourir de fatigue pour la suite.
Je savais que cette éventualité lui faisait peur : premièrement, il se retrouverait avec un cadavre dont il ne saurait quoi faire. Deuxièmement, j'étais très utile en boutique, et troisièmement, un esclave, c'est cher. Il savait parfaitement que je pouvais tenir bien plus que cela, mais si je décidais de ne rien donner, je ne donnais rien. Et il ne pouvait pas me forcer indéfiniment : je risquais de mourir de fatigue pour de bon.
Il lança le même juron qu'il lançait lorsque je lui sortait cette réplique et se dirigea vers le garage avec un regard furieux dans ma direction. Puis il adoucit son visage à l'intention de son client :
- Je reviens, ne vous en faites pas !
J'avais encore gagné cette bataille, mais je perdais du terrain. Si je ne me reprenait pas très vite, il finirait par me faire lui lécher les semelles pour les nettoyer.
Cette probabilité me répugna tant que je ne pus me retenir de cracher par terre, comme si je venais de lécher les pieds de quelqu'un.
Le jeune homme m'avait remarquée lorsqu'Isturr m'avait interpellée, et depuis, n'arrêtait pas de me fixer. Je lui lançai un regard noir avant de lui lâcher avec verve :
- Quoi? T'as un problème?
Je disais ça sur la défensive, plus pour éviter de la pitié, ou une raillerie. Je n'étais pas à plaindre comparée à lui, qui venait dans la boutique de cet escroc pour faire affaire. Je me fichais qu'il le prenne mal ou non de toute façon ça ne changeait pas grand chose à ma situation.
(NOTE HRP : description d'Isturr : un amas de chair rose, comme un gros tas qu'on aurait monté sur deux jambes courtes mais épaisses, et quatre ailes de mouche agrandies, avec des bras aussi épais que les jambes en un peu plus long. Une tête plus claire, grasse et écrasée. Charmante créature, n'est-il pas? PS : ce n'est pas la description première mais je la change)